La biodiversité – un partenaire indispensable à la protection du climat

| Par Dr. Daniela Pauli & Dr. Sascha Ismail

Les écosystèmes intacts jouent un rôle central dans la limitation du changement climatique. Les forêts, les marais, les prairies semi-naturelles et les océans en particulier, absorbent ensemble environ la moitié des émissions de CO2 produites par l’homme. Mais à mesure que le changement climatique s’accentue et que les écosystèmes se dégradent, leur capacité à absorber du CO2  supplémentaire diminue. En clair, cela signifie que si nous continuons à surexploiter la nature au même rythme, le changement climatique ne pourra pas être stoppé. La protection du climat passe par la protection de la nature. A l’inverse, la perte de biodiversité ne pourra pas non plus être freinée si nous ne parvenons pas à limiter le changement climatique. Le réchauffement climatique est la troisième cause de disparition des espèces dans le monde.

La crise climatique et la crise de la biodiversité se renforcent mutuellement et ne peuvent être abordées qu’ensemble. Heureusement, il existe des mesures qui permettent de lutter contre ces deux crises. Nous pourrions par exemple arrêter de déboiser les forêts tropicales humides et de drainer ou d’exploiter les sols marécageux. Ce sont des mesures de protection du climat et de la nature simples et peu coûteuses par rapport aux solutions techniques. La restauration des écosystèmes dégradés ne contribue pas seulement à la conservation de la biodiversité. Elle atténue également le changement climatique, car elle permet de stocker davantage de carbone de l’air dans les sols et les plantes.

En préservant les écosystèmes intacts et en restaurant les habitats dégradés comme les zones alluviales ou les forêts, nous ne faisons pas que réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cela nous aide également à nous adapter aux conséquences du changement climatique. De telles solutions basées sur la nature permettent de réguler le régime des eaux, de faire baisser les températures locales, de réduire les dégâts causés par les intempéries et d’améliorer la production agricole. C’est dans les zones urbaines que cela est le plus évident : Les arbres, par exemple, contribuent à rafraîchir le climat local grâce à l’évaporation et à l’ombre. Les arbres ont besoin de sols non imperméabilisés, c’est-à-dire de surfaces où l’eau de pluie peut s’infiltrer. De tels sols perméables protègent également mieux contre les inondations en cas de fortes précipitations.

Certaines mesures contre la crise climatique – par exemple le développement des énergies renouvelables dans des zones particulièrement sensibles – peuvent en revanche aggraver la crise de la biodiversité. Cela ne doit pas être le cas. Il est bien plus intelligent et efficace de s’attaquer aux causes qui sont responsables des deux crises : notre mode de vie non durable et son énorme gaspillage de ressources. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et le Conseil mondial de la biodiversité (IPBES) recommandent tous deux de toute urgence un changement de société et d’économie.

Il ne suffit pas d’utiliser l’énergie de manière plus efficace. Nous devons repenser notre consommation de ressources et d’énergie. Les pays riches comme la Suisse ont une responsabilité particulière : si tous les êtres humains vivaient comme nous, il faudrait 2,8 Terres pour nous fournir suffisamment de nourriture et de ressources. La capacité de charge écologique de la Terre impose des limites à notre consommation sans cesse croissante de ressources naturelles. Ces limites écologiques ne sont pas négociables.

Pour plus d’informations sur ce sujet «Aborder conjointement le changement climatique et la perte de la biodiversité»

Dr. Daniela Pauli et Dr. Sascha Ismail travaillent pour le Forum Biodiversité Suisse. Ce bureau appartient à la plateforme «Science et Politique and Policy» de l’Académie Suisse des Sciences Naturelles SCNAT.

Portraits photos: Sandra Stampfli

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